Ma partie contre Carlos Garcia-Casillas :
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Partie jouée à l'échiquier 6.
[Site "Cercle d'échecs Montcalm"]
[Event "Montcalm III"]
[Section "A"]
[Date "2016.12.08"]
[Round "4"]
[Board "6"]
[White "Ripoll, Arthur"]
[Black "Garcia-Casillas, Carlos"]
[WhiteElo "1713"]
[BlackElo "1845"]
[Result "1/2-1/2"]
[PlyCount "162"]
[MontcalmGameNumber "2889"]
[QuebecEchecsMessageNumber "70911"]
Je dédie ce gambit Morra à Gilles Angers, grâce à une partie duquel j'ai découvert ce gambit, à Paul Cummins et Danny Lamontagne, qui le pratiquent régulièrement et lui ont donné ses lettres de noblesse au Montcalm, bien que ce dernier lui ait fait une infidélité cette semaine dans sa partie contre David.
J'ai cependant choisi la version différée du gambit, car je savais que Carlos jouait la Najdorf : la version différée m'offrait donc la garantie que d6 et non e6 serait poussé. Du moins, c'est ce que je croyais car Carlos m'a dit après la partie que d'ordinaire il déclinait le gambit par d3. Mais comme il a été mêlé par le fait que je avais différé le gambit, il est finalement rentré dans ma ligne, ce qui m'arrangeait.
Le reste de l'ouverture est du gambit Morra classique. Au 13e coup, j'ai longtemps (24 minutes) réfléchi sur le sacrifice 13. Cd5, avant de conclure que le pion d5 (13...exd5 14. exd5) me gênerait dans toutes les lignes. J'ai donc sagement préféré 13. Ca4, pour viser le trou b6, là où l'ordinateur préfère 13. e5.
J'avais correctement calculé toute la suite jusqu'à 19. Txb5, mais je n'avais pas vu que les choses se compliquaient pour moi après l'excellent 19...Da8 joué par Carlos. Je pense que mon adversaire avait vu plus loin que moi quand il a joué 13...b5 et qu'il avait bien aperçu que la suite serait compliquée pour les blancs. L'ordinateur recommande 20. Fg5, alors que mon 20. Fxd6 perd un pion à la longue car après 21...Cxe4, Carlos menace de jouer 22...Cc3 qui gagne la qualité vu que le cavalier est tabou en c3.
Carlos avait donc un gros avantage, mais au lieu de jouer 22...Tc8 pour activer l'autre tour, il a préféré 22...Da6 et s'est lancé dans une variante qui certes lui faisait gagner le pion b, mais en fait le faisait tomber dans un position de nulle car tous les pions, ainsi les rois, étaient du même bord...
Il ne me restait plus qu'à annuler, ce qui n'est pas évident face à un adversaire du calibre de Carlos, patient et précis et donc redoutable en finale, et avec un retard au cadran d'environ 10 minutes. J'ai plus ou moins bien défendu, toutefois, jusqu'à l'échange des dames au 42e coup et même jusqu'à 45. Re3? : ce dernier coup donnait le pion h4, ce que je n'avais même pas vu... Après, je nageais complètement, voyant toutes sortes de menaces fantômes et ne distinguant pas les menaces réelles.
Après 48...Th3, par exemple, j'étais persuadé que mon pion g allait tomber, alors que l'ordi pare toutes les menaces grâce à 49. Td1 (le plan 49...f6 50. Td7+ Rh6, pour pousser 51...g7+, ne marche pas à cause de 51. Tf7 et 52. Rf5, ce que j'avais été incapable de voir).
La mort dans l'âme, j'ai poussé un coup plus tard 50. g4, avant de voir que j'étais mort sur 50...g5. Miracle ! Carlos ne l'a pas vu et a préféré 50...h4. J'ai alors pensé à juste titre que j'avais la nulle, mais je me suis fourvoyé sur le moyen de l'atteindre car sur 51. Td3?, 51...Tg3 fait mal. Il fallait pousser 51. g5 pour annuler.
Heureusement pour moi, Carlos a eu autant de défaillances que moi et a joué 51...g5 qui me redonnait la nulle. Le coup Tg3 (52...Tg3) venait alors trop tard, et je tenais à nouveau la nulle... avant de la perdre aussitôt sur 54. f4??, après quoi 54...Tf3, comme je l'ai indiqué à Carlos et à Bertrand Auger juste après la partie, était gagnant pour les blancs. Le coup du texte, 54...gxf4, redonne la nulle aux noirs, néanmoins. À ma décharge, il faut dire le coup 54. Td3, recommandé par l'ordinateur, fait peur car comment arrêter le pion h ? L'ordinateur y parvient très bien grâce à des menaces de mat et d'enfilades sur la colonne h, mais personnellement, je suis à peu près convaincu que vu ma fatigue et mon Zeitnot d'alors, je me serais perdu quelque part.
Toujours est-il qu'après 54...gxf4, il n'y a plus d'erreurs à signaler. Carlos a voulu aller jusqu'au pat, sans doute du fait de sa légitime déception de n'avoir su saisir aux cheveux la victoire ailée.
Quel combat ! Je n'aurais pas cru qu'on pût faire autant d'erreurs dans une position de nulle...
--Arthur, pour les longs résumés