Philidor, Fischer et ingénierie inversée

[François Dorion]

De toute l'histoire du Championnat du monde, deux noms retiennent l'attention: celui de Steinitz, qui a inventé le titre et en a ouvert la succession poar ses matchs, dont le dernier avec Lasker, et celui de Fischer, le dernier champion qui tirait légitimement sa succession au titre d'un affrontement avec le champion précédent.

Cela ouvre la question de savoir d'où Steinitz tenait son titre.

Il ne le tenait pas d'une élection par ses pairs. En fait Steinitz était un champion autoproclamé qui disait pouvoir affronter Dieu aux échecs avec un pion de handicap et gagner quand même. Et ce concept de parties à handicap, il n'avait été exposé par écrit que le siècle précédent par Philidor.

On peut donc dire avec un bon degré de certitude que l'ouvrage "L'analyse des échecs" de Philidor est à la source du titre de champion du monde, et que ce titre s'est en réalité éteint avec Bobby Fischer.

Mais que vient faire l'ingénierie inversée dans cela direz-vous? Ceci que Philidor, dans l'avant propos de son analyse parle des pions; "ils sont l'âme des échecs" dit-il. Par cette phrase, Philidor lance une reconstruction du jeu d'échecs qui permet de croire que tout le vocabulaire qu'il employe dans son analyse est composé de néologismes; assertion difficile à prouver en l'absence de textes français antérieurs, mais plausible si l'on remarque que l'anglais utilise le mot "move", et l'allemand "zuck" pour ce que Philidor appelle un coup, et qui serait plus proprement désigné par le mot "mouvement".


Ceci n'est qu'un prolégomène de la relecture de Philidor, mais il doit être pris en compte dans l'étude française des échecs.

[Mathieu Cloutier]

Probablement.